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Critique

Boudin retrouve enfin la lumière

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Peinture . Monet le considérait comme son maître : le musée Jacquemart-André organise la première rétrospective du Normand depuis… 1899.
«Pêcheuses sur la plage de Berck» (1881), d'Eugène Boudin. (Photo Courtesy National Gallery of Art, Washington)
publié le 23 avril 2013 à 20h46
(mis à jour le 24 avril 2013 à 9h22)

Mieux vaut ne pas naître, ou mourir, à l'ombre trop proche d'un génie. Ce fut le cas d'Eugène Boudin, que Claude Monet cite comme un maître lui ayant légué le goût de «l'instantanéité». Depuis l'hommage qui lui a été rendu en 1899, l'année suivant sa disparition, aucune rétrospective ne lui avait été consacrée.

Quatre cent cinquante œuvres avaient alors été accrochées à l’Ecole des Beaux-arts. L’artiste aurait sans doute préféré que l’on «raréfie» une production qu’il savait inégale, selon le souhait qu’il avait lui-même exprimé à son marchand, Paul Durand-Ruel. Au musée Jacquemart-André, Laurent Manœuvre s’est contenté d’une soixantaine de toiles pour faire partager l’estime qu’il porte au peintre et à l’homme.

«Exilé». Eugène Boudin était un Normand, extrêmement sympathique avec sa tête barbue et sa casquette de loup de mer ; une personnalité généreuse partageant son amour du grand air avec les jeunes en rupture des Salons, auxquels lui entendait rester fidèle. Il n'était pas doué pour la figure humaine, préférant représenter la côte normande en jouant des subtils dégradés d'une palette toujours claire. De tempérament modeste, il était toujours prêt à dire du bien de ses confrères, non sans perspicacité, trouvant même des excuses à un type aussi odieux que Degas.

Boudin a longtemps souffert de la pauvreté, mais tenait table ouverte pour les amis comme Baudelaire, Manet, Courbet ou Jongkind. Il reçut le soutien des critiques proch