Pour prendre des notes, certains ont des calepins à la main, d’autres des appareils photos. Dans le cas de l’artiste Claude Lévêque, c’est avec un petit Canon G12 qu’il gribouille ses souvenirs, se remémore quelques détails: vélo d’enfant oublié dans une allée, feuille de papier voguant sur du béton, lumière réfléchie sur un stade de football vide. Chaque jour ou presque, il produit des dizaines de clichés, en stocke certains, en jette beaucoup. Et ce printemps 2013, lui qui confie «ne pas invoquer l’image dans son travail», les expose pour la première fois à la Maison Européenne de la Photographie à Paris.
Claude Lévêque, né en 1953, ayant représenté la France à la Biennale de Venise de 2009, l’assure pourtant : «Je ne suis pas photographe. Ces clichés ne sont pour moi que de simples repérages d’espaces, une manière de comprendre les endroits où je vais, de noter des petits récits. Puis de les réinjecter dans mon travail.» Rendez-vous dans son pavillon de Montreuil, où il vit et nous reçoit, pour commenter quelques photographies qui seront présentées à la MEP.
Il montre le cliché d’une carcasse de voiture abandonnée dans un champ, qui lui a inspiré plusieurs de ses installations, d’autres visions d’une urbanité désolée qui l’ont «influencé, non pas de manière littérale mais diffuse». Clichés aussi d’objets trouvés dans une rue, qu’il est revenu chercher quelques jours plus tard afin de les insérer dans une œuvre. Ou encore d’une baraque foraine marquée de