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Libération

Des saisons et des jours

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Avec les «Traversées du quotidien», l’universitaire Michael Sheringham explique combien le «quotidien» est un thème majeur de la culture française, de Baudelaire à Ernaux.
Michael Sheringam (Photo Rob Judges)
publié le 25 avril 2013 à 16h25

Et si un fil pouvait relier entre elles des pratiques aussi disparates que la dérive des Situationnistes, la poésie de Charles Baudelaire, le cinéma de Jean-Luc Godard et les écrits de Michel Houellebecq? Ce fil, ce serait la vie quotidienne, qui trouve, de manière novatrice et opérante, sa place dans toutes ces œuvres. Tel est le postulat avancé par le Britannique Michael Sheringham, professeur de littérature française à Oxford, dans une somme impressionnante, Traversées du quotidien, qui convoque autour de cette notion-là un ensemble de théories et d’œuvres étonnamment cohérent. Depuis les années 60, démontre-t-il, la thématique de la vie quotidienne s’est durablement installée au cœur de la culture française. Et avec elle, une fertile hybridation des genres (littéraires, cinématographiques), qui incite le lecteur, le spectateur, à porter un regard neuf sur sa propre existence.

Les écrivains de la vie quotidienne sont à l’honneur en France, avec des représentants aussi divers qu’Annie Ernaux et Philippe Delerm. Votre livre a l’ambition d’en faire une tradition à proprement parler, qui remonterait bien plus loin, jusqu’à Baudelaire. D’où vous est venue cette idée?

Je suis parti du constat que le quotidien est un marqueur de la culture de notre époque, qui s’illustre aussi bien dans le cinéma d’Agnès Varda que dans les travaux de Sophie Calle, et une bonne partie de la production littéraire. Ma première idée fut de relier entre elles ces présences du quotidie