La demeure du XIXe siècle qui abrite aujourd'hui la Fondation de l'Hermitage, sur les hauteurs de Lausanne, a de nombreuses fenêtres. Dix en façade sur le parc, plus trois mansardées. Toutes encadrent le site majestueux de la colline où Camille Corot vint peindre et qui plonge en pente profonde sur la ville, la cathédrale, le lac Léman, et enfin les Alpes, massives. L'ouverture principale, la porte-fenêtre centrale du grand salon, est «d'ordinaire occultée par un panneau mais, exceptionnellement, nous l'avons dégagée à la vue», nous explique Sylvie Wuhrmann, directrice de la fondation et commissaire générale de l'étonnante exposition qui s'y tient jusqu'au 20 mai. «Pour l'occasion, sourit-elle, on joue avec les fenêtres du musée.»
Force d’attraction
Ainsi, allant de pièce en pièce, le regard glissant des œuvres exposées aux croisées d'où s'écoulent les paysages alpins, le visiteur expérimente, physiquement, intimement, le fil rouge de l'événement : la force d'attraction de la fenêtre. Dans l'art, dans la vraie vie. Sur les artistes, sur chacun de ceux qui avancent ici, sous les moulures de l'ancienne maison familiale du banquier Bugnion. Dans le catalogue de cette exposition intitulée sobrement «Fenêtres, de la Renaissance à nos jours», Giovanni Iovane, professeur à l'Académie des beaux-arts de Brera, à Milan, rappelle que le peintre américain Ellsworth Kelly écrivait, en 1949, sortant du musée d'Art moderne de la ville de Paris : «Les grandes fenêtres entre les