Mike Kelley (1954-2012) n'a pas fait que des poupées grotesques pour le groupe Sonic Youth. Il a créé beaucoup d'autres choses délicieusement dégoûtantes, en performance, vidéo, peinture, sculpture, dessin. Et puis il a énormément écrit. A l'orée de son premier volume de textes théoriques, il se dit d'ailleurs surpris d'avoir «noirci autant de papier». Même s'il a évité l'art conceptuel durant toutes ses études, Kelley a un goût prononcé pour la langue, la nomination, les titres et légendes foireux - tel ce nichoir muni d'un petit trou rugueux («la voie difficile») et d'un grand trou lisse («la voie aisée»), intitulé la Cabane à oiseaux catholique (Catholic Birdhouse).
Trash. L'«image-texte» est une partie essentielle de son art (il voulait être écrivain), qu'on découvre dans le catalogue de l'exposition avec Timeless/Authorless #5 (1995), un récit de viol homo sacrilège assez semblable à ceux de son ami Dennis Cooper, mais en version loufoque. Sur les murs de la Galerie Sud du centre Pompidou, qui présente la première rétrospective française de Kelley - le CAPC de Bordeaux, en 1992, et le Magasin de Grenoble, en 2000, l'avaient cependant déjà fêté -, on trouve aussi To the Tune of Batman et Backward Masking (1997), deux exemplaires de poésie graphique fonctionnant sur un mode fantôme. Tout ça pour dire que l'art de Mike Kelley est, sous ses apparences punk et violen