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L’actionniste viennois Otto Muehl est mort

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Père d'un art trash et chamanique, il avait cultivé une esthétique du masochisme et du ravalement de l’humain au cloaque.
publié le 27 mai 2013 à 17h20
(mis à jour le 28 mai 2013 à 0h08)

Les films de Muehl, ou sur Muehl (enregistrements de ses performances), c'est à voir. Sur ubu.com, entre autres. Surtout si l'on aime le vomi de cassoulet dans le cul et le pipi dans la farine. Avec Otto Muehl (1925-2013), il y a un plaisir immédiat de la transgression. Rien que d'en parler, on a la délicieuse impression de dégringoler l'échelle de l'humanité en cassant trois barreaux au passage. Ses obsessions anales sont un peu faciles, mais bon. En se vautrant avec lui dans l'ordure, on jouit de dégénérer, de ne plus ressembler aux braves gens qui crient contre le mariage gay, contre les étrangers, contre la liberté et pour plus d'ordre, de ne plus ressembler à ceux qui, à l'époque de ses débuts, à Vienne, dans les années 1960, n'avaient pas été dénazifiés.

Otto Muehl, donc, mort dimanche d’un Parkinson paisible au Portugal, est le père bien connu de l’actionnisme viennois, art de la performance trash et chamanique. Avant ça, il avait fait la guerre dans la Wehrmacht, avant d’obtenir un diplôme de prof de lettres et d’histoire, puis de se diriger vers les arts plastiques. De 1954 à 1963, il enseigne le dessin et pratique la thérapie par l’art dans un foyer d’obédience freudienne pour enfants.

Plusieurs textes, extraits de Lettres à Erika (Presses du réel, 2004) racontent les débuts de l'actionnisme avec Günter Brus, Adolf Frohner et Hermann N