Pour le coup, on avait hâte. Et puis, surtout on en avait assez… Après les neiges de mars et les pluies glacées d'avril, il devenait difficile de croire au moindre printemps. «J'ai descendu dans mon jardin pour y cueillir du romarin.» La jolie comptine s'annonçait pour être chantée l'année prochaine. Pour se venger de la mauvaise saison, pourquoi ne pas se faire une virée à Chaumont-sur-Loire ?

Depuis plus de vingt ans, le parc du château de Catherine de Médicis et de Diane de Poitiers (entre Blois et Tours) accueille le Festival des jardins. Il vient juste d’ouvrir. Rien à voir avec les foires aux plantes qui fleurissent un peu partout ce mois-ci. Chaumont est entièrement dédié à l’imagination. Et aux émotions. Autour du thème 2013, « Jardins des sensations », une vingtaine de créateurs se partagent l’espace.

Du piquant et du doux, du parfumé et de l’âcre, d’étranges perspectives, des labyrinthes, des sons inattendus. On se perd en étapes. Pas envie d’en partir. Un après-midi là-bas fait penser à ces livres qu’on voudrait ne jamais voir finir. Qu’on freine doucement, qu’on reprend. Qu’on lit à rebrousse pages. Connaissez-vous Jean-Benoît Puech ?

Je fais vite. Voilà trente ans et plus qu’il se collette Benjamin Jordane, un écrivain inventé dont il a fabriqué l’œuvre et les commentaires de l’œuvre. Tissant en une douzaine de titres tout un réseau bio-bibliographique serré où le réel se prend les pieds dans le vraisemblable. C’est de la mystification de très haut vol. Et