Triennale, Documenta et cette fois Venise, qui a ouvert les portes samedi de sa 55e Biennale… Les expositions universelles de l'art contemporain se suivent et se dissemblent, parce qu'elles posent les mêmes questions : comment les œuvres discutent entre elles, s'il faut les porter vers le public, les unifier sous des concepts, ce qu'elles font au politique, etc.
L'art moderne, on savait ce que c'était : l'original et le progrès. Le contemporain, c'est plus difficile. Depuis 2008 et un petit texte du philosophe italien Giorgio Agamben, on a une idée plus précise : être contemporain, c'est «être capable non seulement de fixer le regard sur l'obscurité de l'époque, mais aussi de percevoir dans cette obscurité une lumière qui, dirigée vers nous, s'éloigne indéfiniment» (1). Pas terrible comme concept marketing. Raison pour laquelle, sans doute, le commissaire de cette 55e Biennale, Massimiliano Gioni, a décidé de fixer son regard sur les images et l'imaginaire en s'inspirant des instituts scientifiques de la Renaissance qui voulaient rassembler toutes les bestioles empaillées et fossiles du monde connu. Le titre de cette première partie des réjouissances est donc «Il Palazzo enciclopedico». Tout y est encadré et, au lieu qu'on se sente poussé vers les objets, peintures, installations, vidéos, on a donc plutôt souvent l'impression d'être mis sous grille à son tour, privé de désir.
Monomanies. Cela va jusqu'au cont