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Critique

Louvre-Lens : Rubens un peu mince

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Arts . Bien qu’ambitieuse, l’exposition consacrée au peintre flamand pèche par son côté brouillon.
publié le 18 juin 2013 à 20h26

Le Louvre entend mettre tout son prestige dans les expositions de son antenne ouverte à Lens, dans le Pas-de-Calais. Il a pour cela un bel espace, ainsi que la force de frappe de ses collections. Reste à savoir s’il peut accompagner ces moyens démesurés d’une démonstration adaptée.

Cet essai porte sur un sujet passionnant, Rubens et l’Europe. Le peintre flamand a passé sa vie (1577-1640) à sillonner le continent. Comme en témoigne une riche correspondance - dont on aurait aimé entendre les paroles au fil du parcours -, c’est l’art du discours qui construisit sa célébrité. Il a grandi dans les cercles lettrés, férus d’Antiquité, de poésie et de sciences. Son frère, en particulier, qui facilita son introduction à Rome, était le disciple de Juste Lipse, un savant qui faisait revivre Tacite et Sénèque.

Diplomate. Dans ces milieux où l'on échangeait en italien, en français ou en latin, Rubens ne faisait pas exception. «J'estime tout le monde pour ma patrie», proclamait ce citoyen des lettres. Ajoutant, dans une missive de 1625 à son correspondant parisien Valavez : «Aussi je croys que je seroys le très bien venu partout.» Utile pour un homme dont le premier emploi fut celui de diplomate, chargé de missions délicates au plus haut niveau.

Par ce mélange des genres, il est un cas unique dans l’histoire de l’art. Tout jeune, il fut adopté par le duc de Mantoue, un humaniste capable d’inviter à sa cour aussi bien Monteverdi que Gali