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Libération
Enquête

The Cacophony Society : total chaos

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En 1986, un groupe de trublions californiens organisait un chahut farfelu : massacre de télés, marathon en saumons géants et le mythique festival Burning Man. L’un des meneurs, John Law, raconte les pérégrinations de ces grands-pères des flash-mobs et autres Anonymous.
John Law à la «Meat Parade», en 1997. (Photo Maya Hayuk)
publié le 21 juin 2013 à 19h06
(mis à jour le 24 juin 2013 à 15h54)

«Avant qu'Internet ne vomisse des gros titres à chaque milliseconde et ne transforme la trivialité de millions de vies Facebook ennuyeuses en information, il nous restait le privilège du mystère. Et c'est ce que la Cacophony Society de San Francisco m'a abondamment donné», déclare l'excentrique Margaret Cho, star américano-coréenne du stand-up, madone des gays et bisexuelle affichée, à l'occasion de la parution d'un livre qui retrace l'épopée de Cacophony Society. Bande légendaire de misfits californiens, figures phare de l'underground des années 80 et 90, les cacophonistes ont fait surgir l'aventure au coin de la rue et transformé San Francisco en vaste terrain de jeu. Aux antipodes de la ville sans frictions dont rêve Google, qui s'ingénie à nous transformer en créatures prévisibles, anticipant nos déplacements et comportements - histoire d'être sûr qu'il ne nous arrive (plus) rien -, il peut être salvateur de rappeler le rôle vital du désordre, du chaos, de l'inattendu dans l'expérience urbaine. Et qui de mieux pour secouer une société rivée à ses écrans que la Society of Cacophony.

Durant près de trois décennies, ils ont escaladé tous les ponts de la ville, pagayé dans ses égouts, dansé en rappel sur les façades, infiltré ses zones d’ombre, fait des pique-niques de minuit dans des friches, quand ils n’organisaient pas toutes sortes de happenings perturbateurs. Massacre sadique de 500 postes de télévision, course à contr