«Ouvrier de race, travaillant et vivant en ouvrier», ainsi son ami et biographe Maurice Dreyfous résumait-il Jules Dalou, l'un des plus importants sculpteurs du XIXe siècle. A Paris, on est forcément passé un jour devant ses lions du pont Alexandre III, le Silène du jardin du Luxembourg ou ses monuments aux personnalités de l'époque (1). Certains ont aussi dû escalader à l'occasion d'une manifestation son gigantesque Triomphe de la République, place de la Nation.
Plus d’un siècle après sa disparition, le Petit Palais lui consacre une rétrospective. L’occasion lui en est fournie par le catalogage d’une collection formée à partir du fonds d’atelier acheté à sa fille : près de 360 œuvres recensées par Amélie Simier. Elles sont confrontées ici à la documentation du maître, sauvée par son collaborateur. L’artiste était très vite tombé dans l’oubli. Il y a quelques années, la salle Dalou au Petit Palais a été réduite au minimum. Ses statues ont été fondues pour les besoins de la guerre ou remisées. En 1968, au musée de Bordeaux, le modèle en plâtre du Silène a été détruit par des étudiants. Sort cruel pour un fidèle du socialisme.
Pillages. Fils d'un ouvrier gantier, Dalou entre à 14 ans aux Beaux-Arts. Au Salon de 1870, il voit récompensée son effigie de brodeuse au joli ovale, dont le modèle est son épouse couturière. Puis la guerre brise sa carrière. Dalou s'engage dans la Commune, se chargeant de la protection du