Il y a des morceaux. Des bouts de fauteuils dépiautés (le cadre d'un côté, la bourre de l'autre, le cuir ailleurs) ayant appartenu à Robert McNamara, secrétaire à la Défense de 1961 à 1968 sous Kennedy et Lyndon B. Johnson. McNamara souhaitait le désengagement des Etats-Unis au Vietnam, mais géra aussi la «sale guerre». Il devint ensuite président de la Banque mondiale. Pas loin, «trois lustres de la salle de bal de l'Hôtel Majestic, où furent signés le 27 janvier 1973 les Accords de Paris entre les Etats-Unis et le Vietnam», précise le livret qui accompagne l'exposition.
Il y a encore, dans le grand corridor curve du musée d'Art moderne de la Ville de Paris (MAM), des bouts de la statue de la Liberté, reproduits en cuivre et en taille réelle, intitulés We the People. Et puis des cartons d'emballage d'Evian, dont les typos sont refaites à la feuille d'or. Enfin, la dernière lettre de Théophile Venard, missionnaire qui sera exécuté au Vietnam en 1861. Ceux qui ont déjà vu des expos de Danh (prononcer «Yan») Vo savent que le père de celui-ci, Phung Vo, recopie et calligraphie cette missive (sans comprendre le français) si on le lui demande gentiment et contre monnaie trébuchante. Au MAM, il a dessiné des alphabets sur les murs.
Faussaire. Danh Vo est danois, échappé par bateau du Vietnam avec ses parents à l'âge de 4 ans (il en a 38). Et il jure que, s'il n'était pas né là-bas, on n'interpréterait pas forcément toute l'expo