Il pleut. Oh, pas de ces grosses gouttes d'orage qui font claquer les feuilles et couchent l'herbe au sol. Non, juste de quoi se tremper pour de bon. Dehors, tout s'emmêle d'humidité comme si le paysage entier était plongé dans un nuage. Alors adieu, balade… D'habitude, il paraît qu'il fait beau. Violaine Bérot hausse doucement les épaules. Elle sourit. «C'est la montagne de la pluie. Le décor change vite ici.»
La montagne? On la distingue à peine. Nous sommes dans les Pyrénées ariégeoises. À Castillon-en-Couserans, dans la vallée du Biros. Il y a un peu plus d’un an qu’elle habite ce village de quatre cents habitants au sud de Saint-Girons. Elle ne vient pas de loin. D’une autre vallée, dans les Hautes-Pyrénées. Violaine Bérot est écrivain.
Un écrivain étonnant, singulier. Au lyrisme emporté. Après quatre romans, elle a choisi d'aller élever des chèvres en altitude. Elle s'est tue presque quinze années. «Là-haut, on n'a pas le temps d'écrire.» Elle est descendue pour retrouver ce temps de l'écriture. Et elle n'a guère traîné.
A rebrousse évidences
À 46 ans, elle vient de publier un nouveau texte, Pas moins que lui, aux éditions Lunatique. Fiévreuse apostrophe, à la deuxième personne, accompagnant l'attente de Pénélope à Ithaque, le retour d'Ulysse et leurs hasardeuses retrouvailles. Une histoire d'espérance tenace, de désir contenu, à nouveau révélé. Une histoire de femme, charnelle, vivante. De passion, de raison. De maturité. N'empêche, il fallait oser se colleter au mythe. Mais