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Critique

«Nuage» en plein délire

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Art. Le musée Réattu d’Arles présente une vaste exposition entre rêve et réalité, dans un esprit surréaliste.
publié le 19 juillet 2013 à 20h46
(mis à jour le 22 juillet 2013 à 10h34)

Apriori, les nuages sont faits pour crever. Rien de plus mollement vague que leur essaim de fabricants et d'adorateurs. La matière et les formes, on les a trop vues. Des lits religieux d'angelots aux crépuscules africains, des oreillers à mèches aux posters à touristes, de Hiroshima au 11 Septembre, c'est la branlette et le supplément d'âme des jeunes filles, des GO de l'humanisme, des bronzés. Saint-John Perse a fixé cette chair sans arête : «Que lingeries de femme dans les songes, que lingeries de l'âme dans les songes.» Au musée Réattu à Arles, il s'agit d'autre chose : de l'idée nuage, au singulier, dans ce qu'elle a de plus transformiste, de plus ludique et finalement de plus austère. Le nuage joue avec la banalité de l'imaginaire, mais pour y échapper.

Comme dans les films américains de série B, la conservatrice, Michèle Moutashar, compense par la passion et l'inventivité le manque de moyens et d'œuvres de premier plan. Son projet naît il y a trente ans, face aux nuages du Corrège, vus sur le plafond de la cathédrale de Parme, une ville où elle est entrée par hasard. Là, sur la coupole, écrit-elle dans le catalogue (Nuage, éditions Actes Sud), «surgissent sans prévenir ces incroyables formes oblongues, qui planent autour de Saint-Thomas et ne ressemblent à rien d'autre… qui font durer comme jamais ce moment si neuf et si naïf de la surprise, et dont les mots sont encore absents, empli qu'il est jusqu'à ras bord d'une onde inépuisable, c'est dans l'