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Libération

Porto rit jaune face au street art

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Censure. La ville recouvre de peinture ses graffitis. Les artistes dénoncent une atteinte à la liberté d’expression.
Une des oeuvres de Hazul Luzah, recouverte de la peinture «jaune Rui Rio». (Photo Hazul)
publié le 23 juillet 2013 à 21h06
(mis à jour le 24 juillet 2013 à 11h45)

Un mois déjà que Porto mène la vie dure aux arts de rue. Les brigades antigraffitis de la deuxième ville portugaise traquent la moindre trace de graff. Et la récente intervention du gouvernement fait figure d'ultime offense : après qu'une œuvre d'Hazul Luzah, figure locale du street art, a été effacée sans sommation le 21 mai, les relations entre artistes et administrés se sont crispées. Le conflit a été mené face aux médias et devant le conseil municipal. Depuis, la tension est si palpable que le débat a été soulevé en Conseil des ministres, qui a voté un projet de loi. Le street art est décrit en ces termes : «Le vandalisme dans les espaces publics, l'irrespect du patrimoine et de la propriété privée sont reconnus comme des facteurs contribuant à l'insécurité des populations.»

«Ridicule».L'artiste «vandale» encourt une amende qui peut aller de 100 à 25 000 euros. «Une proposition de loi comme celle-ci est ridicule», s'indigne Miguel Januário, plasticien issu des beaux-arts de Porto. Il est vrai que la gestion entre liberté artistique et urbanisme soulève des questions sociopolitiques depuis la chute de la dictature en 1974, quand la rue est redevenue un lieu d'expression. Porto est donc plus connu pour ses azulejos (art décoratif composé de carreaux de faïence bleue) que pour son catalogue arty. Plus qu'ailleurs dans le pays, les cultures alternatives y souffrent. «Porto a toujours manqué d'espaces dédiés