Quiconque ayant déjà séjourné à la campagne a dû un jour rester planté face à une vache en train de pâturer - l'a-t-on d'ailleurs jamais vue faire autre chose, si ce n'est dormir ? En général, l'animal redresse alors la tête pour considérer le fâcheux qui, lui-même, demeure perplexe devant un regard apparemment vide, avant de poursuivre son chemin. Mais foin de préjugés, l'Allemande Ursula Böhmer n'a pas voulu l'entendre de cette oreille : elle a décidé de partir à la rencontre de nos amis les bovidés et, au terme d'un casting serré, de faire poser les plus «expressifs» des spécimens.
Narquois. Résolument anthropomorphique, la démarche a confiné à la quête : un projet étalé sur une dizaine d'années, à travers 25 pays européens et, in fine, un cheptel de 80 mammifères, dont environ un quart se retrouve aligné ces temps-ci à La Gacilly, sur le chemin dit des Libellules. D'Ecosse ou de France, de Suisse ou d'Espagne, tous bénéficient d'un même cadrage frontal et centré où, amplifié par le noir et blanc, d'aucuns verront une parentèle avec les fameux bâtiments des Becher, dont Ursula Böhmer deviendrait dès lors la petite-cousine germaine, autant que germanique.
La jeune Berlinoise signe ici son premier sujet au long cours, après une formation en sociologie et en philosophie. Ce qui l'amène à tirer certaines conclusions de l'observation de sujets donnant l'impression d'être tour