La papesse Jeanne, on vous la fait en accéléré. C’est l’histoire d’une femme devenue pape, qui meurt en couches pour ne pas dévoiler qu’elle est de sexe féminin. Mauvais genre. Une fille n’est un homme comme les autres qu’à condition d’être morte.
On suppose que c'est le point commun des cinq artistes (pas toutes décédées) de l'exposition «Les Papesses», à la collection Lambert et au palais des Papes, à Avignon. Souffrance d'être femme, socialement, et éventuellement dans le crâne. Araignées au plafond, comme chez Louise Bourgeois, qui en a dessiné et sculpté des maousses toute sa vie (1911-2010), de toutes les formes, voire qui n'en a plus gardé que la forme, si l'on regarde par exemple l'une des planches de l'extraordinaire livre Ode à la Bièvre (2007), des collines en tissu dont les pentes ressemblent aux pattes stylisées d'un arachnide, et qui sont teintées au colorant d'archives, histoire sans doute d'ajouter un trou, dans la mémoire cette fois.
Aliénistes. Autre folle, cette fois dûment estampillée depuis qu'Isabelle Adjani l'a habitée, Camille Claudel, la sœur paranoïaque de Paul et l'amante de Rodin. Dans un coin de la collection Lambert, il y a les lettres manuscrites de la sculptrice (1864-1943) internée à Montfavet, près d'Avignon, et recueillies dans son dossier médical, à côté de missives des aliénistes ou de sa parentèle. Mais sa mère a interdit qu'on expédie les courriers que l'artiste adressait à son cadet écrivain