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Libération
Interview

«Peindre est un moment de réflexion»

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Arts. A l’occasion de l’exposition de ses œuvres sur papier dans le Finistère, rencontre avec l’Américaine Shirley Jaffe dans son atelier parisien.
Une des gouaches de Shirley Jaffe présentées à la galerie Réjane Louin, à Locquirec. (Photo B. Huet Tutti. )
publié le 6 août 2013 à 19h26

Shirley Jaffe reçoit dans son atelier-appartement, à Paris, non loin du collège des Bernardins dont elle apprécie «l'architecture si pure». Cette artiste américaine vit en France depuis 1949 (elle est née en 1923, dans le New Jersey), et s'y plaît, ayant même adopté, d'après ses amis, «une vision à la française et certains mots-clés», sans préciser lesquels, car Shirley Jaffe est tout en retenue, à l'image de son rouge à lèvres irisé, posé telle une ombre invisible. Quand une question ne l'inspire pas, aucune broderie, la réponse tombe tel un couperet. Pas de dates ni de flash-back, nul désir d'évoquer les amitiés disparues ou de traîner dans les coulisses de l'art en dévoilant ses connaissances, il ne s'agit pas de parader, mais d'être dans la clarté. Surtout dans le présent, qu'elle accueille avec beaucoup de grâce, et autant de gaieté que d'agilité.

Elle a des yeux brillants de curiosité, un regard direct et la distinction d’une Parisienne. Et des mains incroyablement fines, si belles, que l’on s’étonne de l’imaginer en train de peindre… Cette toile posée sur le sol, cet espace vert pomme, un nouveau tableau ? Elle vient de le commencer, il n’est donc pas utile d’en parler aujourd’hui.

Vous continuez à travailler ?

Mais bien sûr, tous les jours ! Quand je ne travaille pas, je réfléchis. Je regarde le monde, je sors, je suis dans la rue, face à toutes les images qui défilent… Que faire avec toutes ces choses que l’on aperçoit, dehors, ou ici, par exemple, ce passage du vent sur les arbr