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Libération

Knud Viktor s’éteint sans bruit

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Disparition. Le Danois, qui enregistrait les sons de la terre, est mort discrètement il y a deux mois.
Viktor Knud en 1979. (Photo DR )
publié le 15 août 2013 à 19h36
(mis à jour le 19 août 2013 à 9h46)

Il fait mauvais décéder en août, les morts vont lentement, sauf superstars filantes à l'AFP. Knud Viktor est parti il y a deux mois, on l'apprend à peine via le blog de l'association Phonurgia Nova. Ses enfants, Kamilla et Mark, ont laissé un mot sur la page Facebook qu'ils lui avaient créée : «Knud est mort le 10 juin à 3 heures du matin, paisiblement. Il avait été renversé par une voiture à basse vitesse une petite semaine auparavant, en traversant le passage clouté, sous feu rouge. Le bassin s'est fracturé a plusieurs endroits, et ses 88 ans l'avaient trop usé pour qu'il puisse s'en remettre. Il vivait dans un appartement à Copenhague depuis l'hiver 2010.»

Avant ça, Knud Viktor habitait le Luberon, dans une bastide au sud d'Avignon, où il enregistrait depuis 1962 tous les bruits de la terre, des feuilles, des cailloux, la vie infinitésimale : «Dans une pomme, il y a un ver qui gratte, déclarait-il à FR3 Marseille en 1979, et on entend le jus de la pomme et on a l'impression que le ver se régale.» Jeune peintre et photographe, il était venu dans le Sud attiré par la couleur, avant de remplacer celle-ci dans sa pratique artistique par des concrétions de bruits, qu'il disait «cueillir» pour en faire des «peinture