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Critique

Vermeer sur tous les tons à Londres

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Arts. L’exposition de la National Gallery évoque les résonances entre musique et peinture au XVIIe siècle.
publié le 27 août 2013 à 20h46

La National Gallery de Londres, qui traverse une passe difficile depuis quelques années, a cette fois réussi une très jolie exposition autour de la musique au XVIIe siècle en Hollande, à partir de sa collection, enrichie de beaux instruments anciens. Malheureusement, aucune note de musique de l'époque n'est audible dans la galerie. Dans ce pays, qui eut à souffrir de la censure du calvinisme, elle est fondamentalement un phénomène républicain.

Dès que les cités basculèrent dans la Réforme, dans les années 1570, l'orgue fut proscrit de la messe : il fallait se garder de ses charmes maléfiques. La musique restait cependant extrêmement populaire. Les villes employaient des fanfares pour animer les foires ou les banquets. Des chanteurs braillaient dans les tavernes et les bordels, tel ce Joueur de luth de Hendrick ter Brugghen, reprenant un thème disséminé par les suiveurs du Caravage. La chanson remplaçait le concert céleste, dont la représentation était exclue des enceintes sacrées.

Bistrots. La peinture avait, d'une certaine manière, suivi la même évolution. Chassée des églises, elle s'est rabattue sur les scènes de bistrots, les paysages et les intérieurs bourgeois. On estime que plus d'un dixième des tableaux du siècle représentent des scènes musicales. L'édition des chants profanes, permettant l'improvisation des musiciens, était la plus prolifique d'Europe. Chez les notables et les marchands, des concerts plus distin