Le 19 septembre 1783, à Versailles, devant la famille royale et une foule d’invités, le ballon des frères Montgolfier parcourt plus de 3 kilomètres à 500 mètres de hauteur, avec un mouton, un coq et un canard à bord. Arrivés sains et saufs, ils sont accueillis à la ménagerie royale. Deux mois plus tard, l’expérience est rééditée avec un homme. Les peintres ne réalisent pas encore à quel point leur approche du monde peut en être transformée.
Au milieu du siècle suivant, la confrontation avec une autre invention, la photographie, change radicalement la donne. Passionné par le vol (il dirigera le service militaire d'aérostats dans Paris assiégé en 1870), Nadar revendique la première photo aérienne, prise en 1858 au-dessus de la banlieue sud. Personne ne l'a jamais vue. Avec le matériel de l'époque, dans une nacelle en mouvement, il lui aurait été difficile de saisir sur sa plaque l'image d'«une femme sur le chemin» et de «deux pigeons sur un toit du Petit-Bicêtre» qu'il décrira plus tard. Il n'empêche : en 1862, Honoré Daumier croque le photographe en action au-dessus de Paris, intitulant sa caricature : «Nadar élevant la photographie à la hauteur de l'art.» Le centre Pompidou-Metz a projeté d'«explorer les multiples effets produits par ce basculement optique sur la création artistique jusqu'à aujourd'hui», incluant la photographie satellitaire et les drones de notre temps.
Une idée passionnante, soutenue par un riche catalogue de référence, qu