«Vingt-cinq ans. On pourrait fêter ça. Mais quand on voit le monde tel qu'il est aujourd'hui, on va juste continuer à vous le montrer.» C'est par ces mots que Jean-François Leroy, l'inflexible fondateur de Visa pour l'image, le grand rendez-vous mondial du photojournalisme, a introduit la première soirée de projection, lundi soir à Perpignan, dans le cadre toujours majestueux du Campo Santo. S'est ensuivi un reportage consacré à des athlètes handicapés, sur fond de Heroes, de David Bowie.
Si héros il y a, pendant quinze jours à Perpignan, ce sont bien ces photographes qui s'efforcent de continuer à monter leurs documentaires, dans des conditions économiques sans cesse plus précaires, tout comme, à leur corps défendant, les sujets qu'ils représentent : populations civiles ballottées au cœur de conflits qui les dépassent (les Congolais de Phil Moore regardant impuissants le groupe rebelle du M23); enfants réduits à l'esclavage par à peine moins misérables qu'eux (les Restavèks haïtiens de Vlad Sokhin) ; femmes claquemurées dans une immuable servilité (les Pachtounes, «êtres de second rang», de Sarah Caron…).
Citadelle. Dans l'édito de la 25e édition, Jean-François Leroy ne manie pas la langue de bois - ce qu'il n'a d'ailleurs jamais su faire : autrefois, écrit-il, «les magazines produisaient beaucoup, les agences étaient florissantes, les photographes pleins de talent travaillaient dans la joie et la