Samedi 14 septembre, 16 heures. Jour de foot à Dortmund, ville de 580 000 habitants située dans le bassin industriel de la Ruhr. Les trains de banlieue dégueulent de supporteurs aux couleurs jaune et noir du célèbre club de la ville, le Borussia, siphonnant leurs packs de bière au son du heavy metal. A l’issue du match, le club collera un cinglant 6-2 à Hambourg, et prendra la tête de la Bundesliga, de quoi faire oublier pendant quelques heures la réalité des habitants de cette ville dirigée depuis cinquante ans par les sociaux-démocrates, qui connaît un taux de chômage record de 13,4% et compte 26,4% de pauvres, le taux le plus élevé des grandes villes allemandes.
Dans le hall de la gare bondée, la réplique d’un vitrail, créé en 1950 par l’artiste Hans Klein, rappelle son passé industriel prospère, avec ses cheminées fumantes, ses fiers ouvriers travaillant dans le charbon, l’acier et la bière, dont le long déclin entamé avec la crise du charbon en 1957-1958 a entraîné la disparition de 90 000 emplois. En 1972, les brasseries de la ville faisaient vivre 6 000 personnes et le breuvage houblonné coulait à flot : 7,5 millions d’hectolitres par an.
Mantra. Symbole de cette période faste, le Dortmunder Union Brauerei, dit familièrement Dortmunder U, met la clé sous la porte en 1994. L'imposant bâtiment de béton, tout droit surgi de Métropolis, fut construit en 1926 et surmonté en 1968 d'un gigantesque U doré. Désormais, il est entouré