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Baselitz, Sculpture à la tronçonneuse

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L’Allemand Georg Baselitz expose à Pantin ses dernières œuvres - bronzes et peintures -, hantées par les années 30.
publié le 20 septembre 2013 à 20h16

Georg Baselitz ne pouvait espérer meilleur écrin pour présenter le «côté sombre» de ses dernières créations : l'immense espace Thaddaeus-Ropac à Pantin (Seine-Saint-Denis). Sous les verrières de l'ancienne chaudronnerie, bronzes, toiles et dessins créés après sa rétrospective au musée d'Art moderne de la ville de Paris, en 2011. Georg Baselitz a grandi en Basse-Saxe, dans les années 30, et les atrocités de cette période ne cessent de le hanter. A l'image de ce bronze intitulé BDM Gruppe (2012), un ensemble monumental composé de trois Grâces hautes de trois mètres, évoquant un souvenir de l'artiste, celui de trois jeunes filles se promenant dans sa ville natale, Deutschbaselitz, revêtues de l'uniforme du BDM (Bund Deutscher Mädel), la branche féminine des Jeunesses hitlériennes.

Cette nouvelle série de bronzes, d'un noir charbonneux, inclut également Sing Sang Zero (2011), un couple main dans la main, et trois autres figures - Marokkaner, Yellow Song, Louise Fuller - enserrées par des anneaux. Comme pour ses précédentes sculptures, il taille à vif ses géants dans une bille de bois, à la tronçonneuse et à la hache, qui sont ensuite moulés et fondus, tout en conservant les stigmates des coups de ciseaux. Ces gigantesques statues carbonisées se dressent au milieu des toiles de «la Série noire», qui captent la blancheur du lieu. Sur ces grandes huiles, des figures animales - des aigles - et humaines se fondent jusqu'à presque disparaîtr