«Quand tu es face à un bel arbre, tu n'as pas envie de l'étreindre comme un phallus géant ?… Et quand tu te promènes dans une prairie fraîchement coupée, tu n'as pas envie de fourrer ton visage dans les brins d'herbe, de les humer, de les lécher comme une chatte ?» Tout en savourant son sauté de porc au restaurant du Totem, friche culturelle à Maxéville (Meurthe-et-Moselle) où se déroule Souterrain, le festival de body art (lire ci-contre), Annie Sprinkle, ex-star du porno, prostituée, féministe prosexe et performeuse déjantée, tente de réveiller l'écosexuel qui sommeille en nous. «Tout le monde a eu des expériences écosexuelles, encourage-t-elle, comme jouir dans une cascade, se masturber avec l'eau, se dorer au soleil, sans compter tous les gens qui ont eu des relations sexuelles avec des fruits et des légumes.» La conversation fuse naturellement et sans malice. L'Américaine gironde, robe panthère et plumes colorées dans sa tignasse auburn est venue tout droit de Californie présenter une conférence performance sur sa vie tumultueuse entre les jambes de l'Amérique. Telle une pivoine plantée dans le décor cyber-punk bétonné du Totem, Annie Sprinkle raconte comment sa vie a basculé le jour où elle a rencontré le réalisateur de Gorge profonde et décidé de partir à New York pour devenir sa maîtresse.
Spéculum. La terne et timide Ellen Steinberg se métamorphose en pétulante Annie Sprinkle qui dévor