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Interview

Emma Lavigne : «Le visiteur est un témoin que l’on invite à tracer son chemin»

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Emma Lavigne, commissaire de l’exposition, explique les axes qu’elle a définis avec Pierre Huyghe.
«L’Expédition Scintillante», Acte 3, 2002. Musique : «Music for Airports #4» de Brian Eno (1978 ). (Photo Courtesy Pierre Huyghe ; Galerie Marian Goodman, New York ; Esther SchipperAdagp, Paris 2013.)
publié le 26 septembre 2013 à 18h06

Emma Lavigne, née en 1968, est conservatrice pour l’art contemporain au musée d’Art moderne-Centre de création industrielle du Centre Pompidou. Elle a été auparavant conservatrice à la Cité de la musique à Paris, où elle a été commissaire de nombreuses expositions. Depuis plus de deux ans, elle travaille avec Pierre Huyghe, autant pour l’exposition qui vient de s’ouvrir que pour le catalogue qui l’accompagne

Comment qualifieriez-vous votre collaboration ?

Une lecture à quatre mains et deux voix dès lors que Pierre Huyghe m’a encouragée à porter un regard diagonal sur son travail.

Comment avez-vous pensé l’organisation de l’exposition ?

La paresse d’une rétrospective chronologique ayant été exclue d’un commun accord, nous avons essayé d’articuler trois thèmes pour une sorte de trilogie musicale.

Premièrement, la question du temps, qui a consisté, entre autres, à tenir compte du lieu, de l’institution - le Centre Pompidou, qui est à la fois un musée, une cinémathèque, un monument historique… Des strates géologiques anciennes ont été retrouvées et utilisées, comme les premiers dallages du Centre. Mais, Pierre Huyghe a aussi pris en compte le lieu de l’exposition lui-même, la galerie Sud, et là encore, son passé. Cimaises, cloisons, mobiliers, l’exposition a été conçue dans les vestiges des expositions précédentes, dont celle de Mike Kelley.

Deuxième thème, paradoxalement structurant : la bifurcation. Pour dire qu’on a toujours le choix, la liberté de bifurquer. C’est-à-dire de s’égarer, et même de s’ennuyer ou de s’endormir.

Autre élément-clé : l'organique. Ça n'est pas évident ni tech