Emma Lavigne, née en 1968, est conservatrice pour l’art contemporain au musée d’Art moderne-Centre de création industrielle du Centre Pompidou. Elle a été auparavant conservatrice à la Cité de la musique à Paris, où elle a été commissaire de nombreuses expositions. Depuis plus de deux ans, elle travaille avec Pierre Huyghe, autant pour l’exposition qui vient de s’ouvrir que pour le catalogue qui l’accompagne
Comment qualifieriez-vous votre collaboration ?
Une lecture à quatre mains et deux voix dès lors que Pierre Huyghe m’a encouragée à porter un regard diagonal sur son travail.
Comment avez-vous pensé l’organisation de l’exposition ?
La paresse d’une rétrospective chronologique ayant été exclue d’un commun accord, nous avons essayé d’articuler trois thèmes pour une sorte de trilogie musicale.
Premièrement, la question du temps, qui a consisté, entre autres, à tenir compte du lieu, de l’institution - le Centre Pompidou, qui est à la fois un musée, une cinémathèque, un monument historique… Des strates géologiques anciennes ont été retrouvées et utilisées, comme les premiers dallages du Centre. Mais, Pierre Huyghe a aussi pris en compte le lieu de l’exposition lui-même, la galerie Sud, et là encore, son passé. Cimaises, cloisons, mobiliers, l’exposition a été conçue dans les vestiges des expositions précédentes, dont celle de Mike Kelley.
Deuxième thème, paradoxalement structurant : la bifurcation. Pour dire qu’on a toujours le choix, la liberté de bifurquer. C’est-à-dire de s’égarer, et même de s’ennuyer ou de s’endormir.
Autre élément-clé : l'organique. Ça n'est pas évident ni tech