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Critique

Pierre Huyghe, parc maître

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Au centre Pompidou, la rétrospective consacrée à l’œuvre du plasticien français convie à une randonnée à la fois onirique et politique.
publié le 26 septembre 2013 à 20h46

Dans un recoin, un coin dépasse d'une cloison, noir et givré de glace. Il s'agit, presque au ras du sol, d'un des angles d'une vaste patinoire où par ailleurs virevolte une danseuse, graveuse d'arabesques. Cette petite partie ne vaut pas pour le tout, cette anecdote ne lyophilise pas le grand récit proposé par Pierre Huyghe au centre Pompidou. Le détail de cet angle agit plutôt comme le «trou de verdure où chante une rivière» du Dormeur du val: un pli plus qu'un repli, un retrait où il fait bon se lover provisoirement, faire semblant de dormir, somnoler.

Bien des intitulés de l'œuvre de Pierre Huyghe encouragent à creuser d'autres souterrains de ce type : Ghost Room (chambre des fantômes), Time Keeper (gardien du temps), Obscured by Clouds (assombri par des nuages). L'exposition en général fait cet effet : c'est un dream catcher, un capteur de rêves qui, fidèle à l'origine amérindienne de ce fétiche, est aussi un filtre qui retient les cauchemars. Il est recommandé de partir en voyage aux pays enchantés de Pierre Huyghe avec le sésame de la poésie accroché à la boutonnière.

Hamburgers. Le parcours dans l'exposition est celui d'une randonnée. A l'entrée, prudent ou intimidé, on peut s'en procurer la carte, le