Tout savoir sur les Frac, qui célèbrent leur trentième anniversaire, c’est possible : il suffit de se rendre aux Abattoirs de Toulouse, qui leur consacrent une exposition. Car l’histoire des fonds régionaux d’art contemporain en dit long sur la manière dont la France a su irriguer sa culture dans ses régions, et l’art contemporain en particulier.
Il y a trente ans, donc, mis à part quelques rares centres d'art ici et là, le paysage de l'art contemporain dans l'Hexagone était plutôt désolé. Le contraste avec l'Allemagne ou la Suisse était saisissant. Là-bas, beaucoup de villes disposaient de Kunsthallen, ces espaces d'exposition d'art contemporain sans collection. Des cortèges de pèlerins français de l'art contemporain firent d'ailleurs la route des Kunsthallen au début des années 80… Pour pallier cette carence nationale, Jack Lang retint une proposition originale de Claude Mollard, son délégué aux arts plastiques. Plutôt que de suivre le modèle allemand et créer une multiplicité de centres d'art, on constituerait des fonds régionaux d'art contemporain, avec l'objectif d'en créer un par région. Vingt-deux fonds virent le jour entre 1982 et 1985, avec l'appui de l'Etat et des régions.
Une exception culturelle à nulle autre pareille, car il s’agissait tout à la fois de soutenir la création la plus actuelle, en acquérant de préférence des œuvres de facture récente, de soutenir le marché - une idée saugrenue partout ailleurs dans le monde - et de démocratiser l’ac