Il y a, dans l'exposition, un portrait de groupe de Félix Vallotton et de ses amis peintres, dont Vuillard et Bonnard. Il date de 1902-1903. Ils appartiennent à l'ancien groupe des nabis et ils sont tous en noir, saisis dans un cadre austère. Dix ans plus tard, ils refusent en chœur la Légion d'honneur. Ainsi annoncent-ils, mais avec une froideur antipublicitaire, l'attitude des surréalistes et d'un Benjamin Péret faisant graver sur sa tombe : «Je ne mange pas de ce pain-là.» Un excellent petit volume de textes réunis et préfacés par Jean-Paul Morel (1) permet de suivre l'affaire, grâce au remerciement circonstancié que leur adresse l'historien de l'art et écrivain Elie Faure : «Puisque ceux-là ne veulent pas de leur effort d'autre louange que celle des voix confondues de leur doute et de leur orgueil, ils seront remerciés pour le bien qu'ils nous font. Ils ne s'en doutent pas, sans doute. Ils s'étonnent peut-être que nous considérions comme un acte de courage le refus d'une diminution qu'on cherchait à leur infliger. Qu'ils regardent donc autour d'eux […]. Ils pourront voir l'esclave se ruant vers la récompense de son consentement à demeurer esclave.» Dans son testament, le 18 décembre 1925, le peintre écrit : «Pour tout ce qui concerne l'exploitation future de mes œuvres - à supposer qu'on leur conserve quelque valeur - je désire qu'elle soit faite avec mesure et discrétion, rien qui fasse étalage.» C'est cela, somme toute, l'échelle du style Vallotton. <
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