Au début, on trouve la fin. Dans un documentaire où l'on voit Hans Richter, vieux monsieur dans les années 60, à l'époque des ruines de l'art européen, en train de passer la main à l'Amérique. Prof à l'Institute of Film Techniques du City College de New York depuis 1941, il a formé Stan Brakhage, Maya Deren ou les frères Mekas. On voit Jonas, vieux (donc aujourd'hui), parler : «Richter ne regardait pas tellement nos travaux.» Sur la photo de famille du New American Cinema, il se tenait à l'écart. On repasse à Richter vieux et en couleurs : «Je trouve dommage que les jeunes artistes d'aujourd'hui se livrent à leurs propres angoisses au lieu de travailler avec nous», ou à peu près. On a beau redécouvrir à chaque génération la même chose, on n'a pas envie de le faire avec les jeunes d'il y a trente ans.
Le mouvement de «Hans Richter. La traversée du siècle» est circulaire. Ainsi, vers la fin de sa vie (1888-1976), il écrit une somme sur le dadaïsme de ses commencements, Dada : art et anti-art, livre qui lui permet surtout de réfléchir à la contemporanéité essentielle de Dada, qu'il extrait du coup du carcan chronologique, et l'expo se termine par des pièces des fondateurs de Dada, tels que Jean Arp ou Marcel Janco, ou des recréations par Richter de ses premières œuvres, sous forme de reliefs et collages.