Ala fin mai, on s'était dit : pour le Cahier d'été, il faudrait publier quelque chose de différent, qui revienne tous les jours et soit spécial papier. Histoire d'attiser le plaisir ancien de quitter le soleil pour aller chercher son Libé au kiosque.
Et l'idée vint. Un puzzle. De quarante pièces, publiées au rythme d'une par jour, dans les quarante numéros effeuillant les 40 ans de Libération. Ceux qui parviendraient à le reconstituer gagneraient une surprise. Banco. Restait à trouver celui qui nous dessinerait ça, quarante petites cases racontant chacune une histoire - pour ne pas lasser le lecteur-collecteur - et constituant un tout. Quelqu'un qui travaille vite (on a les idées tard).
Projections de névroses
Stéphane Blanquet, 40 ans cette année, comme le journal, s’est imposé comme une évidence. D’aussi loin que se souviennent les jeunes-vieux rédacteurs du journal - ceux arrivés dans les années 90 -, il y a Blanquet illustrant leurs articles de ses fantômes noirs, ses intestins animés. Un compagnon de route. Il a relevé le défi. Mieux, il y a pris goût.
Dans la vie hors Libé, Blanquet est artiste et éditeur. Le ranger dans la BD ou l'illustration ne semble pas vraiment raisonnable. On se souvient de ses deux albums les plus fameux, aux éditions Cornélius, la Nouvelle aux pis, en 2001, et la Vénéneuse aux deux éperons, en 2007 : des histoires en images, certes, mais flottantes, protéiformes comme leurs personnages, laissées à la libre interprétation du l