Les lumières s’éteignent, le piano se met à jouer tout seul, des visages, objets fluorescents, apparaissent sur les murs, formes à peine nées, avant de mourir doucement : il leur faut une nouvelle clarté pour qu’elles s’estompent de nouveau. Espace de la mémoire. Enfance du temps.
Dans un coin, une machine multicâblée écrit sur des feuilles de papier, griffonne des têtes, recouvre ce qu’elle vient de faire d’autres traits. Dans la même pièce, une bibliothèque où se distinguent les noms de Bret Easton Ellis ou Salinger pivote et découvre une chambre éclatante. On se faufile, on est seul dans un mausolée, les sons du piano et du robot n’arrivent que très étouffés. On est passé de l’autre côté d’on ne sait quoi. Au mur, des dessins de John Cage et de son compagnon Merce Cunningham. Chaque jour, un dessin de Merce remplace un dessin de John.
Claques. On a beau décrire, rien ne peut rendre l'étrangeté qui submerge le visiteur, traverse ses synapses lorsqu'il s'installe dans «Anywhere, Anywhere out of the World», la nouvelle proposition de Philippe Parreno (1) au Palais de Tokyo, titrée d'après Baudelaire. Avec celle de son ex-complice Pierre Huyghe au centre Pompidou, on tient nettement les deux claques de l'automne, celles dont on pourra se faire l'ancien combattant dans vingt ans : on y était.
Poursuivons néanmoins, puisqu'aucune photo ne peut rendre compte de cette expérience volontairement vacillante. Ailleurs, plus au fond du Palais, toujou