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Interview art

«Le fantôme, c’est ce qu’on a lu, qu’on a oublié et qu’on relit»

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Apparitions et disparitions, souvenirs et œuvres réactivées… rencontre avec Philippe Parreno, et Leibniz :
«Marilyn» (2012), dont «The Writer» est le préquelle. (Photo Denis Sinyakov Garage Center for Contempory Culture)
publié le 24 octobre 2013 à 18h06

Emploi du temps blindé, installations à reboulonner, interview promo pour les sponsors, Philippe Parreno, 49 ans et allure de jeune homme superstar, déjà célébré dans la dernière décennie à Beaubourg, au musée d’art moderne de Paris ou à la fondation Beyeler, nous accordait mardi ses heures supplémentaires à bâtons rompus, à la veille de l’ouverture. Non pour présenter «Anywhere, Anywhere out of the World», mais pour continuer la promenade sur une autre scène, dialoguée.

Même question que dans le Annlee, de Tino Sehgal : «Quelle est la relation entre le signe et la mélancolie ?»

J’ai essayé de savoir ce que Tino avait imaginé comme réponse, mais en vain. J’ai traduit son texte en français, c’est très malin, la langue est simple, les concepts sont simples mais brutaux, ce qui est dit par exemple sur le passé, le juste passé, le mouvement. Les petites filles qui le récitent l’ont entendu avant toi, te l’assènent, tu te dis «hein, quoi ?», tu ne l’as pas vu venir. Je ne crois pas qu’elles demandent de réponse.

Contrairement à votre titre No Ghost, Just a Shell, on se dit qu’il y a plus de ghost ici que de shell…

J'avais lu l'Essai de pneumatologie littéraire, de Daniel Sangsue, chez Corti. Il y dit que le fantôme est dans les bibliothèques. C'est ce qu'on a lu, qu'on a oublié et qu'on relit. Donc, avant d'être par exemple une créature imaginée par Goya, il hante les bibliothèques, c'est la chose connue et oubliée. Je trouve que c'est une jolie manière de parler de la postmodernité, mais sans le mythe qu'elle véhicule. Ce serait l'idée assez simple que la modernité n'est jamais jouée, elle doit être constamment réinventée. Il y a un parallèle à faire avec cette idée du fantôme, de