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Libération
Art critique

Bâle, point de Schütte

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La Fondation Beyeler expose jusqu’en février les œuvres figuratives de l’élève de Richter.
publié le 1er novembre 2013 à 18h06

On connaît ses agrandissements de minisculptures, corps informes, défigurés, Rodin persos et miniatures qu'il passe au pantographe mental pour en faire de muets golems : les Grands Esprits, de fait géants. La Fondation Beyeler, à Bâle, consacre cet automne une monographie sculpturale (avec quelques dessins et aquarelles) aux trente dernières années de travail de Thomas Schütte, lion d'or à la Biennale de Venise en 2005 et élève de Gerhard Richter.

De têtes en corps, cela tient du yokai et de l'holocauste à la fois, dans une mixture impassible qui repose souvent sur des trépieds, se fait siamoise, crucifix. Martyre de la matière. Une série de visages fermés (une paupière coule) est consacrée à la Femme de Walser, Robert Walser, écrivain entre autres fou et micrographe… qui n'avait pas de femme.

De fait, Thomas Schütte est un artiste conceptuel qui produit des sculptures figuratives. L'erreur consiste à tenter de les analyser comme des représentations plutôt que des absences. Certains visiteurs pensent à Maillol. Parfois, on se croit dans le Voyage en Italie, de Rossellini, visite au musée des dieux morts, tantôt la série des Innocenti de Schütte sent le Christ. Ailleurs, c'est une manie de la robe de chambre, du kimono. Esthétique du talisman ou de la poupée, prêts aux épingles à enfoncer ? Le dessin se fait également très prothétique, sauf dans la série Aufzeichnungen aus der 2. Reihe (1991) qui dégage un humour doucement a