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Exposition

Les surréalistes se sentent toutes choses

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Le centre Pompidou se transforme en immense cabinet des curiosités. Sur ses étagères : des objets mutants imaginés par Breton, Giacometti, Dalí, Miró, ou, aussi, des artistes contemporains.
«Loup-table» (1947) de Victor Brauner. (Photo Philippe Migeat. Centre Pompidou. Adagp Paris 2013.)
publié le 7 novembre 2013 à 18h06
(mis à jour le 8 novembre 2013 à 10h54)

L'un des vicieux mérites surréalistes est de brouiller les perceptions de l'objet et de l'œuvre d'art. Breton et sa bande hétéroclite les collent l'un à l'autre sur l'étagère, en vitrine, au musée, dans leurs cabinets intimes de curiosités, finalement sous l'œil amidonné d'une bourgeoisie dont, pour la plupart, ils sortent. Cette association d'éléments surprenants et malfaiteurs naît au lendemain d'une guerre qui a mélangé les corps dans la boue en leur donnant toutes les formes possibles. Elle a pour aliments le rêve, la colère, l'automatisme et l'imagination érotique. C'est un geste de contamination. Ce qui l'inspire est, selon André Breton, «le plus durable souci d'éclairer le fonctionnement de la métaphore» et son «caractère ludique évident» : l'objet surréaliste, c'est une métaphore vivante, toujours en évolution. Le groupe pratique alors un jeu, «L'un dans l'autre», où chacun devient un objet mystère qui se transforme à mesure qu'on cherche à le définir.

L’exposition du centre Pompidou, sous la direction de Didier Ottinger, raconte avec beaucoup d’inventivité l’histoire de cette aventure, de ce jeu. Elle donne aussi à voir, après la mort de Breton en 1966 et jusqu’à nos jours, quelques prolongements. Des œuvres ont été commandées à des artistes contemporains pour l’occasion. Ainsi, une extraordinaire vitrine de Philippe Mayaux (né en 1961), baptisée «Reconstitution». De loin, on dirait une vieille confiserie, couleur rose chair ou bonbon. De près, c’es