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La copie, nouveau pop art chinois

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En marge de la contrefaçon, voilà le Shanzhai, érigé au rang d’art 2013. Une culture émergente et irrévérencieuse, venue de Chine et détaillée ici.
La campagne Shanzhai Biennial 2012 évoque à la fois les sourires du peintre Yue Minjun, et détourne le logo de la Maison Martin Margiela. (Asger Carlsen/Shanzhai Biennial)
publié le 12 novembre 2013 à 17h11

Dans quelques jours se tiendra à Pékin le troisième plénum du 18e congrès du Parti communiste chinois. Lors de ce grand raout qui ne sent pas la détente, le nouveau gouvernement dévoilera l’axe de sa future politique économique. Les chefs de l’état-parti n’évoqueront probablement pas le Shanzhai. L’art de la contrefaçon, un capital anarchique très chinois qui parasite les maisons de luxe et les sociétés de high-tech (parmi les plus touchées), est difficilement «assumable» officiellement. Shanzhai, ce terme aux contours flous, désigne le faux sans faire seulement référence à la pâle copie d’un original bien étudié (1). Il s’agit aussi de réinterprétations plus ou moins fidèles, de détournement de logos touchant des domaines aussi divers que le design, le vin, les stations essences, l’urbanisme ou les stars de la pop en vogue en Asie.

En Chine, copier n'est pas diabolisé comme en Europe où contrefaire est une anti-valeur ; copier est même devenu la base d'une (contre) culture non dénuée de poésie, venant des classes populaires et qui s'adresserait aux élites. C'est ainsi que Yu Hua, auteur de Brothers et La Chine en dix mots, décrit le Shanzhai, prenant pour exemple le faux relais de la flamme olympique qui, en 2008, passa par les villes oubliées de l'organisation officielle des Jeux. Cet été, le zoo de Luohe, à l'est du pays, s'est retrouvé au cœur d'une controverse illustrant l'esprit «no limit» du genre: le lion africain devant lequel se pâmaient les visite