Un cobra géant attend le visiteur à l'entrée du musée Guimet. Qu'on se rassure, ce monstre à sept têtes extrait d'un temple khmer, de plus de quatre mètres de haut, est paré de vertus bénéfiques. Ce naga hindou a même étendu sa protection au Bouddha de la religion voisine, adoptée au XIIe siècle par le grand conquérant et bâtisseur Jayavarman VII.
Hors les relations sporadiques de visiteurs chinois ou portugais, il n'existe guère d'écrits sur la vie civile et religieuse du Cambodge ancien, mais la sculpture en a laissé des témoignages saisissants. Qu'il est possible de retrouver dans cette exposition passionnante. Pierre Baptiste et Thierry Zéphir, dont le catalogue restera comme un ouvrage de référence, racontent l'histoire croisée de ces royaumes, dont les pyramides avaient précédé les cathédrales gothiques, et de leur révélation dans l'Europe du XIXe siècle. Ils honorent ainsi le premier explorateur qui défia les éléments, avant d'affronter les autorités académiques, pour écrire cette page de l'histoire de l'art.
Si Louis Delaporte n'a pas découvert au sens propre les monuments envahis par la forêt tropicale, il en fut l'inventeur. Associé à l'exploration du Mékong en raison de ses talents de dessinateur, il est arrivé à Angkor à 24 ans, en 1866. Quelques années plus tard, il en publia le récit dans le magazine le Tour du monde, accompagné de ses planches et des prises de vue d'Emile Gsell. En 1873, puis en 1881, il obtint d'être renv