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La collection sauvée de l’oubli

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Les éléments étaient stockés dans un couvent.
Vue du temple de Bayon, par Louis Delaporte et Henri Devérin (1891).
publié le 19 novembre 2013 à 18h06

Les dieux hindous n'étaient pas à la fête. Sans relâche, il leur fallait combattre l'ennemi pour sauver l'univers du désastre, dans des mêlées indescriptibles dont l'épopée a couru jusqu'aux sanctuaires khmers. Cette adaptation de l'hindouisme, pourtant, demeure constamment sur la réserve. En vain chercherait-on les cruautés de la déesse Kali ou la crudité des joutes érotiques propres à l'Inde. Le bouddhisme acquérant droit de cité, les Khmers dans leur sagesse crurent encore bon d'entourer le Bouddha et ses disciples des anciennes divinités hindouistes. Certaines représentations, comme les grands visages du Bayon, de la fin du XIIe siècle, sont tellement ambiguës que les spécialistes ne parviennent pas à se départager sur leur interprétation.

Empreintes. Les missions au Cambodge voulaient rapporter en Europe la force de ces «architectures images». Outre des sculptures originales, elles ont ramené par centaines des moulages de frises et de statues. Les sculptures étaient enrobées de terre glaise ou de gélatine. Dans ces moules, on faisait couler du plâtre pour en extraire une réplique. Pour les parties monumentales (treize mètres pour certaines), les empreintes étaient prises en plusieurs segments. Au cœur de son exposition, Guimet en présente plusieurs, enfin restaurées.

L'histoire de cette collection de 624 articles est éloquente. Un jour, le musée reçut un appel comminatoire de la directrice de l'abbaye de Saint-Riquier (Somm