Imaginons un magazine qui proposerait que la tendance soit de porter deux paires de chaussures en même temps. Où l'on admirerait des femmes mutantes aux épaules rendues pointues et démesurées grâce à la chirurgie esthétique, ressemblant ainsi aux robes de Rick Owens circa 2010. Imaginons que des «Real Housewives» de Miami y répondent à des interviews sur l'art contemporain et sur les galeries à ne pas rater pendant la foire ArtBasel de Miami. Ou encore que l'on se mette à placer sur un même pied d'égalité, dans une série mode, les fameux sacs bleus Ikea et les perles précieuses des grands joailliers de la place Vendôme, qu'on lise de la poésie étrangère via Google Trad et que l'on trouve ça encore meilleur que les traductions des experts du genre, que l'on respecte autant Christian Audigier, obscur créateur de vêtements installé à Los Angeles, que Comme des Garçons, et que la copie ait la même valeur que l'original. Ce vaste monde aux contours mi-pathétiques mi-comiques, emblème du post-Empire décrit par Bret Easton Ellis, existe : DIS Magazine l'accueille depuis trois ans.
Une galerie d’art obsédée par la société de consommation
Autoproclamée «publication lifestyle post-Internet», ce mutant du Web pour qui le mauvais goût ne signifie rien mêle art, mode, musique et nouvelles technologies. Ses moyens sont restreints, mais ses admirateurs nombreux : les créateurs Alexander Wang ou Christopher Kane s'inspirent des choix esthétiques de ce site ovni, et parmi ses soutiens, on dénombre le New Museum de New York ; le Mo