Et si tout avait commencé par la sculpture ? Chef de ce département au Louvre, Marc Bormand se livre à un brillant plaidoyer pro domo en profitant de prêts sans précédent des musées italiens et allemands. Le concept même de Renaissance a été beaucoup discuté, élargi ou rétréci selon les moments ou les auteurs. Outre que les styles peuvent s'enchevêtrer, certains ont fait remarquer que cette notion avait le défaut de rejeter le Moyen Age comme une période noire. Une des œuvres les plus gracieuses de l'exposition, une Vierge à l'enfant réalisée en terre cuite et peinte par Nanni di Bartolo quand il se trouvait à Florence, échappe ainsi à ces catégorisations abruptes.
Lignes de fuite. Dans tous les cas, s'illustre au Louvre le foisonnement intellectuel, scientifique et artistique du Quattrocento toscan, qui est au cœur de l'introduction de ce concept. Les grands artistes se pressaient alors à la recherche de commandes passées par les corporations qui régissaient la cité. Dans l'introduction de son traité sur la peinture, écrit en 1436, le «porte-parole» de la Renaissance florentine, Leon Battista Alberti, attribue ce renouveau à un noyau d'artistes, tissé de complicités et couturé de rivalités, formé dans l'essor des édifices religieux. Marc Bormand y voit l'illustration de sa thèse, puisque cet auteur cite trois sculpteurs (Donatello, Lorenzo Ghiberti, Luca Della Robbia) pour un seul peintre (Masaccio) et un architecte, pa