Menu
Libération
exposition

Jaeger et ses drôles de dames

Article réservé aux abonnés
Deux accrochages exceptionnels rendent hommage au galeriste pour ses 90 ans.
Jean-François Jaeger (au centre), Mark Tobey et Vieira da Silva. (Photo Galerie Jaeger Bucher / Jeanne-Bucher, Paris)
publié le 3 janvier 2014 à 20h16

A23 ans, le Strasbourgeois Jean-François Jaeger était propulsé à la direction de la très prestigieuse galerie Jeanne Bucher, à Paris. Il vient de fêter ses 90 ans, dont soixante-six consacrés au métier de galeriste. Un double anniversaire qu'il ne reconnaît pas vraiment : «C'est une invention de ma fille, Véronique.» Mais il est bel et bien né un 3 novembre 1923, et a bien repris la galerie parisienne de sa grand-tante, Jeanne Bucher, boulevard Montparnasse à Paris, en 1947 (sise rue de Seine depuis 1960).

Jean-François Jaeger travaille alors au ministère de l'Information et de la Culture. Quel choc, pour ce jeune homme qui n'a aucune formation, de succéder à cette grande prêtresse du monde de l'art. Même disparue, «elle était tellement présente dans la galerie, que j'avais l'impression qu'elle me surveillait à chaque coin de rue… J'ai eu la chance de rencontrer des artistes comme Roger Bissière (1886-1964) ou des conservateurs comme François Mathey [ex-conservateur en chef au musée des Arts décoratifs, ndlr], qui m'ont tout appris», confie Jaeger.

«Matière et Mémoire : la demeure du patriarche», titre des deux accrochages (rue de Seine et rue de Saintonge) organisés par Véronique Jaeger, rend hommage au dévouement de ce galeriste, ainsi qu'aux artistes qu'il a promus. Dans l'espace historique de la rive gauche s'exposent des pièces de Nouvelle-Guinée, des sculptures en pierre Maya que Jaeger présente bien avant que le VIe arrondissemnt ne devienne