On ne peut pas vraiment dire que Patrick Saytour soit un artiste prolifique, multipliant les expositions : à titre d’exemple, il n’en a fait que deux à Paris depuis 1996, la dernière ayant eu lieu en 2010 à la galerie Bernard Ceysson.
Celle-ci, la première chez Valentin, est d'autant plus singulière qu'elle est construite autour d'un tableau et d'un amusant paradoxe. Intitulée Sans titre (1967), composée d'un brûlage sur plastique, de tissus et d'un encadrement en métal, l'œuvre est en effet historique par sa date de création, tout en n'étant pas inscrite comme telle, puisqu'elle n'a jamais été exposée à l'époque. Elle n'était pas assez conforme aux dogmes du mouvement Supports/Surfaces (1969-1972), composé d'une dizaine d'artistes, parmi lesquels Vincent Bioulès, Daniel Dezeuze, Claude Viallat et, bien sûr, Patrick Saytour. Sans être non plus son chef-d'œuvre, elle a l'avantage de bien asseoir la sélection d'une dizaine d'œuvres ici rassemblées, étalées sur quarante ans, de 1973 à 2013. Une belle occasion, donc, de voir comment au fil du temps et jusqu'à aujourd'hui l'artiste a tricoté les supports et perverti les surfaces (grands chevaux de bataille et de réflexion du mouvement susnommé) pour détourner et déconstruire la peinture.
La plupart du temps, en ce qui le concerne, avec beaucoup d'humour, comme le prouve cet Enlèvement (1983), un tableau composé avec des tissus, de la tapisserie, un grillage en caoutchouc et une plante en plastique, comme autant d'