Amateur de jeux vidéo, prendras-tu autant de plaisir que nous, néophytes en la matière, à l'installation Parallele I-IV (2012-2014) du cinéaste allemand d'origine tchèque Harun Farocki ? Sur quatre écrans, et en quatre volets, se dévoile un habile questionnement des modalités d'utilisation (et de création) du jeu vidéo, et du statut des images de synthèse auxquelles celui-ci a recours.
Le premier volet, Parallele I, offre une histoire accélérée de l’infographie, ou comment l’on est passé, pour figurer l’eau par exemple, de bâtonnets bleus et horizontaux très abstraits à des vagues mouvantes et réalistes. Le frisson qui saisit le regardeur est une joie aussi vieille que la représentation elle-même, et dont le moteur se résume à : on s’y croirait. Le frisson qui s’empare du joueur, comme du programmeur, s’apparente sans doute plus à un sentiment de puissance, celui du démiurge créant un monde, par le biais du programme ou du jeu lui-même.
Mais une fois installées ces ambitions de simulation parfaite, Farocki pointe, dans les trois volets restants qui compilent des extraits de jeux souvent bien connus comme GTA, les limites ou incohérences, tant physiques que psychologiques, de situations que l'on est à même d'y rencontrer : un cow-boy tentant désespérément de gravir une montagne mais se heurtant toujours à la paroi (car là s'arrête le monde) ou la tenancière d'une boutique braquée revenant inlassablement à l'intérieur du magasin, oubliant l'homme armé qui s'y t