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Le Nôtre, roi de l’illusion

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Formé à la peinture et collectionneur, le paysagiste jardinier de Louis XIV fut aussi un maître du trompe-l’œil, comme le montre une exposition à Versailles.
publié le 4 février 2014 à 17h06

André Le Nôtre (1613-1700) a été célébré l'année passée à l'occasion du 400e anniversaire de sa naissance. A travers l'Ile-de-France, les visiteurs ont pu suivre sa trace dans les parcs - avec un brin d'imagination, tant elle a été effacée par les remaniements postérieurs. Le paysagiste de Louis XIV est devenu un mythe national, transformé en parangon du classicisme. L'homme, qui avait de l'humour, avait choisi en guise d'armoiries trois colimaçons sur une feuille de chou. Pourtant, Versailles n'a pas voulu le montrer en habit de jardinier mais comme un homme-clé de son époque, en se fondant notamment sur les recherches de Patricia Bouchenot-Déchin (1).

Dénivelé. C'est un défi que d'exposer Le Nôtre, qui a laissé très peu d'écrits. On voit à Versailles un plan annoté de sa main («en noir, ce qui est fait ; en rouge, ce qui reste à faire»). Outre qu'il était assisté d'une véritable agence, il était personnellement handicapé par sa dyslexie. Pour mieux le mettre en contexte, le parcours s'ouvre par sa remarquable collection de tableaux. L'essentiel a été dispersé après sa mort. Mais, à 80 ans, couvert d'honneurs, il offrit au roi la partie la plus précieuse : 21 tableaux, 31 bronzes fondus depuis la Renaissance, 8 bustes et 5 porcelaines, qui attestent autant son goût que sa fortune. Il possédait une dizaine de Poussin, dont le Christ et la femme adultère et Moïse sauvé des eaux, qu'il avait lui-même co