Lauréat du prix Marcel Duchamp 2006, Philippe Mayaux fait partie de ces heureux artistes qui ne se demandent jamais «quoi peindre», mais juste «comment le peindre». Son programme pictural est en effet constant, depuis la fin des années 80: dissipation des mythes, dilapidation des faux-souvenirs, primauté de l'imagination.
Dans cette entreprise, «ce transformateur hyper-critique ne fait pas directement appel au réel mais plutôt au langage − le sens n'ayant pas besoin de raison pour se manifester », comme le note son exégète alter ego Marcel Toussaint. Ainsi, préférant « le visible à l'intelligible», Mayaux est-il un des rares peintres figuratifs actuels à ne s'être jamais soumis à la photographie, s'attachant à puiser dans ses expériences intimes du monde et de l'humain les moyens nouveaux de «tester des changements d'optique, d'éprouver des concepts, de simuler des dénouements».
Nietzschéenne, iconoclaste, métaphysique, plus «vache» encore que celle de Magritte, et plus «rastaquouère» que celle de Picabia, la peinture de Mayaux frappe ainsi toujours par son inventivité. Maintenant elle s'autorise même à glaner dans des images quelques minuscules, épars et saisissants «effets de réel» qui la rendent encore plus vraisemblable, c'est-à-dire effrayante. Sa précédente exposition dans sa galerie parisienne (Le destin des fantômes), l'avait révélé en sculpteur paradoxal d'«idoles» païennes archaïques et futuriste