Le 16 janvier 2013, le collectif d'artistes hackeurs zurichois !Mediengruppe Bitnik (1) envoyait un mail qui allait tenir en haleine quelques milliers d'internautes à travers le monde. L'intitulé disait «Delivery for Mr. Assange», une livraison pour M. Assange, et annonçait une «performance de mail art» à suivre en temps réel sur Twitter. Elle consistait à faire parvenir par la voie postale un (vrai) paquet percé d'un petit trou contenant une caméra et un GPS au fondateur de Wikileaks, qui était - et est toujours - reclus à l'ambassade de l'Equateur à Londres, sous très haute surveillance. Toutes les dix secondes, la caméra (d'un smartphone bricolé) prend une photo, automatiquement téléchargée sur Internet. La première apparaît à 12 h 38, dans la file d'attente d'un bureau de poste à Londres. S'ensuit un périple de plus de trente heures à travers le système postal britannique, dont un certain nombre passées dans le noir et l'incertitude, à se demander si le paquet va arriver à destination, ou être intercepté par les services de renseignements de sa majesté.
Le 17 janvier 2013, à 15 h 54, les artistes commencent à s'inquiéter, la batterie n'en a plus que pour six heures. A 18 h 04, une lueur d'espoir : apparaît un grand canapé en cuir et un extincteur, première vue de l'intérieur de l'ambassade. Puis un panneau blanc avec ce message manuscrit «Is this thing on ?» (ça tourne ?), puis l'image des crocs d'un puma, puis un autre panneau «Hello World.