Le mois dernier ouvrait à Strasbourg un musée vodou, le premier du genre en Europe, à l'initiative d'un ancien patron de brasserie. Il y a d'abord la ville, Strasbourg, et puis cette tour épaisse, un ancien château d'eau du XIXe siècle, qui se dresse comme un phare à quelques longueurs de la gare. «J'avais des demandes de villes étrangères, mais étant d'ici, ma commune était une évidence pour moi, affirme Marc Arbogast, le collectionneur à l'origine du projet. Et ce château d'eau mystérieux était l'endroit parfait pour ce musée d'art vodou africain.» Oui, vodou avec un «o», celui qui est né en Afrique de l'Ouest, et non son cousin, le vaudou haïtien. Lors des visites nocturnes organisées les vendredis et samedis, les vitraux du dernier étage du bâtiment s'illuminent, les fétiches jouent un théâtre d'ombres sur les murs, les lumières jettent un halo étrange sur les crânes, tandis que les rires et les murmures du public tourbillonnent dans l'escalier à vis.
Ossements. C'est un endroit insolite, aux mots inconnus, où les masques vont de la tête aux pieds et où les tombes se font portatives. Quelque 200 objets sont présentés ici et là, sur trois étages, sous les thèmes de l'apprentissage, du secret et du spectacle. Ils sont «hétéroclites et surréalistes», s'amuse Bernard Müller, directeur de la programmation scientifique et culturelle, bordés de clés, décorés d'ossements, tachés de sang. Des «Legba»,<