Accrochés sur le mur du fond, de petits objets usuels, accompagnés d'une description : une vis («expiation»), une punaise («le mensonge»), un élastique («réflexion»). Sur une plaque de cuivre posée non loin d'un étrange outil articulé, le visiteur est invité à «trouver un objet qui n'a pas de nom et lui en suggérer un». Tout en écoutant une brève mélodie échappée d'une boîte à musique, et déclenchée par la présence, sur une portée musicale de la signature de l'artiste : Luis Camnitzer. Dans la rétrospective consacrée par la galerie Cortex Athletico à l'Uruguayen, exilé aux Etats-Unis depuis les années 60, pionnier du conceptualisme sud-américain et fondateur du New York Graphic Workshop, le langage (et sa représentation) est un médium artistique comme un autre. L'exercice n'est pas que poétique, même si poésie il y a, dans cette économie de moyens, ces minuscules chaos. Le visiteur est incité à reconfigurer le monde en le renommant, à renverser des rapports arbitraires, langagiers ou autres.
Trois œuvres datant de 1973 rappellent le caractère politique de la démarche de Camnitzer : des articles de journaux qui évoquent le Watergate, «recouverts par leur propre image», floutent les caractères d'imprimerie, rendant le tout illisible. L'exposition est placée sous le signe de Simón Rodríguez, mentor de Simón Bolívar qui avait, au début du XIXe siècle, baptisé ses trois enfants Maïs, Courge et Carotte. Les légumes ont donné leur nom à cette rétrospecti