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Zurbarán, l’étoffe du baroque

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Contemporain de Vélasquez, le peintre espagnol illumina le XVIIe siècle de ses toiles qui exaltent le sentiment religieux.
Christ en croix contemplé par Saint-Luc, vers 1660. (Photo Musée national du Pardo Madrid)
publié le 12 mars 2014 à 17h26

Le peintre sacré, s'il compte parmi les plus doués, est sans cesse confronté à la recherche d'une vérité d'autant plus difficile à saisir qu'elle est double : il doit témoigner d'une réalité supérieure, décrire un ordre surnaturel, représenter l'indicible, user de tout un abécédaire pictural comme autant de marches pour accéder à un au-delà imaginaire mais, en même temps, cette première vérité, il se doit de la faire descendre de son piédestal pour atteindre la seconde, celle du réel, celle qui donne à croire au fidèle, inspire la dévotion au spectateur, la vérité qui permet l'autodafe, l'acte de foi. La quête de l'éternité, oui, mais à la portée du croyant, quotidienne, immédiate, matérielle.

Mélancolie. Ce double défi de la vérité, absolue et pourtant réaliste, Francisco de Zurbarán (1598-1664), peintre emblématique du panthéon baroque espagnol, l'a relevé avec une puissance émotionnelle extraordinaire, et l'exposition d'une cinquantaine de ses œuvres au Palais des beaux-arts de Bruxelles (Bozar) montre bien qu'il fut un grand d'Espagne, comme Vélasquez et Murillo, ses contemporains, même s'il est moins connu. Ce qu'il peint, ce sont moins des figures inaccessibles qu'une éternité réduite aux dimensions de l'humain, les plis d'une bure de moine, les mille nuances de blanc du pagne du Christ en croix, soit toute une sainteté qui n'est jamais séparée de l'humanité. Aussi convoque-t-il, au besoin, ici une légère sensualité pour qu