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EXPO

Nancy Cunard, une femme d’anthologie

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Dans les années 30, l’ouvrage de l’auteure sur les cultures noires évoquait largement la musique.
Billie Holiday à New York, en 1947. (PHoto William P. Gottlieb)
publié le 17 mars 2014 à 17h06

Le musée du Quai Branly s'intéresse lui aussi, à sa manière, aux «musiques noires». Il consacre une exposition à la figure singulière de Nancy Cunard - riche héritière qui fut de toutes les avant-gardes artistiques et politiques - et plus précisément à l'énorme livre qu'elle coordonna dans les années 30 : Negro Anthology (lire Libération du 1er mars).

«Panorama». Cette enquête documentaire de 850 pages sur les arts et cultures noirs, imprimée à un millier d'exemplaires en 1934, accorde une large place à la musique. Comme l'exposition de la Cité de la musique, l'ouvrage tente d'embrasser les musiques d'Afrique, des Caraïbes et d'Amérique du Sud. «Le panorama dessiné par Cunard est unique à son époque et ce que Negro Anthology, avec trente années d'avance sur l'Association for the Advancement of Creative Musicians (lire ci-contre), vise à offrir au lecteur n'est rien d'autre qu'une version entendue au sens large de la "great black music"», écrit l'universitaire Yannick Séité dans une savante analyse du traitement de la musique dans l'ouvrage (1).

Cette encyclopédie des «musiques nègres» dans les années 30 reflète le point de vue de l’époque, entre curiosité et clichés. Car l’ouvrage n’est pas exempt de lacunes ni de défauts, à commencer par un certain essentialisme qui, chez